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L'Egypte aux milles couleurs


Fascinante Égypte


L’éclosion solaire

La civilisation égyptienne est l’une des plus grande que le monde a connu. Savez-vous comment est née le dieu Râ , soleil d’Égypte, d’après la mythologie? Il aurait émergé d’un bouton de lotus suite à la décrue du Nil. Cette belle image pleine de poésie nourrit mon imaginaire et je peux voir la scène se dessiner sous mes yeux. 


Le Nil s’est retiré de son lit, laissant derrière lui une terre boueuse, gorgée d’eau marron. Au cœur de la boue, un lotus a malgré tout réussi à pousser sur cette terre hostile. 

Caché au milieu des feuilles de lotus salies par la boue, un bouton s'apprête à éclore. En s’ouvrant, il laisse apparaître une lueur jaune. Un pétale se courbe et retombe délicatement, et un halo de lumière brûlante jaillit! Cette lumière étincelante devient de plus en plus aveuglante, et empêche de distinguer quoique ce soit. Écartant un à un tous les pétales du bouton, dans un silence assourdissant, le soleil sort. Et, aussi léger qu’un ballon gonflé d’air, il s’élève au dessus du sol. 


Il continue son périple, et s’envole vers les nuages, jusqu’à atteindre la taille d’une immense montgolfière. Puis, lentement, il s’éloigne, de plus en plus loin, tellement loin, qu’il va se perdre dans les méandres de la galaxie, afin d’éclairer le monde, ou plutôt notre monde.

L'Egypte ancienne, un voyage dans le temps

Il y a des voyages dont la plupart des gens rêvent tout au long de leur vie, et j’ai eu cette chance incroyable de découvrir ce magnifique pays, l’Égypte, à l’âge de 17 ans.

Je ne peux m'empêcher de repenser à ces cours du collège et les livres d’histoire: j’ai toujours été fasciné par la mythologie et les divinités égyptiennes, cette civilisation est passionnante!


Les noms des principaux dieux et déesses me reviennent en mémoire: Amon-Ré le « dieu solaire » qui apporte la lumière et éclaire le monde, Osiris et son sceptre, pèse le cœur des âmes, Isis déesse de l’amour, la clé de vie à la main, et aussi Horus le fils caché d’Osiris et d’Isis, Seth, Anubis et tous les autres. Leurs têtes d’animaux et leurs corps d’hommes leur donnaient un aspect hybride qui les rendaient inquiétants et mystérieux. Chaque dieu incarnait un élément naturel, et vivait comme les hommes avec les mêmes préoccupations. Cela les rendaient plus humains et la population égyptienne pouvait facilement s’identifier à eux. Ils connaissaient l’amour, la haine, la trahison et la mort. Et toutes leurs histoires et mésaventures n’avaient qu’un seul but, nous raconter la naissance des hommes et de la terre, la vie, comment accepter la mort, et passer dans l’au-delà, et accéder à la vie éternelle. En somme comme de nombreuses religions et croyances.

Devant ces immenses blocs de pierres, je me suis sentie toute petite, et encore plus minuscule face à l’Histoire (avec un grand H) qui se trouvait en face de moi. Aux pieds des pyramides, le Sphinx était là, majestueux, solennel. Cette créature mythique mi-homme mi-lion, avec sa coiffe égyptienne, semblait veiller sur les tombeaux et les trésors cachés au cœur des pyramides. Tel le gardien éternel qui empêcherait quiconque essaierait de s’aventurer d’un peu trop près et profaner ce lieu sacré. 

Je me souviens également de ce film, la Momie que je regardais en boucle avec mon frère. Les sarcophages, les malédictions et le tombeau de Toutankhamon, beaucoup de souvenirs d’enfance me reviennent, avec un brin de nostalgie...

En un sens, je peux dire que j’ai vécu ce voyage comme un pèlerinage: j'ai pu voir de mes propres yeux tous les monuments étudiés dans les livres d’histoire, et marcher sur le sol égyptien. Ce même sol foulé par les pas des pharaons, quatre milliers d’années auparavant. 

Je me rappelle avoir posé mes mains contre les parois du temple d’Abu Simbel, comme si par ce geste, la pierre allait me parler, et me révéler tous ses secrets. Ou peut-être était-ce pour marquer le monument de ma petite empreinte. Certaines personnes gravent leur initiales ou leur prénom sur les monuments historiques, j’ai toujours trouvé cela dégradant, et à la fois je comprends la symbolique: vouloir laisser une trace, un témoignage de vie à un endroit et à un moment précis. Surtout en sachant que ces monuments ont traversé le temps. 

Ce temple était grandiose. Il avait été creusé dans la roche, sous le règne de Ramsès II, au 13e siècle avant JC, pour sa femme Nefertari, et lui-même. Dans les années 60, il a été déplacé bloc par bloc afin de ne pas être submergé par les eaux: le barrage d’Assouan a ainsi pu être construit, formant le Lac Nasser, une réserve d’eau artificielle. 

Je ne pourrai jamais oublier ces 4 statues colossales assises qui marquaient l’entrée du temple. Leurs regards étaient tournés vers le soleil levant, symbole de la vie éternelle. C'était très impressionnant. J’étais admirative face à l’architecture de ce temple, le travail et le savoir faire de ces hommes qui ont construits cet édifice. Et quand j’ai franchis le seuil du temple, j’ai  retenu mon souffle: des peintures égyptiennes et des hiéroglyphes tapissaient certains murs et de nombreuses couleurs étaient encore présentes! Je n’avais plus qu’à imaginer les autres couleurs qui devaient recouvrir l'ensemble des murs: cela devait être merveilleux…

Imprégnée, l’Égypte a rayonné en moi

Chaque année, je choisissais une destination de colonies de vacances, et avec le comité d’entreprise du travail de mon père, j’ai l’opportunité de partir à l'étranger. Quand j’ai vu l'Égypte sur le catalogue, je n’ai pas hésité une seule seconde. C’est une réelle chance, et je suis très impatiente de partir. Je vais être en immersion dans le pays en compagnie de jeunes de mon âge, et d’animateurs pour nous encadrer. Ce que j’aimais particulièrement, c'était cette liberté qu’on nous accordait, on pouvait être acteurs de notre voyage. J’ai participé à des réunions avant le départ, afin de choisir avec l’ensemble du groupe les endroits à visiter, les hôtels et les chambres d’hôtes pour dormir, parfois tout se décidait sur place. On avait un budget à respecter à la journée. On jouissait d’une certaine autonomie, et les animateurs agissaient plus comme des guides.

Ce voyage a duré une dizaine de jours, on était un groupe de treize jeunes et trois animateurs. Je me revois à l’aéroport du Caire, attendre notre bus, assise sur mon énorme sac à dos, le tapis de sol enroulé et le sac de couchage accroché dessus, comme un vrai « backpacker » et l’aventure allait commencer! 

J’avais dix-sept ans et à cet âge, comme toutes les jeunes filles, je jouissais d’une certaine innocence mélangée à une curiosité de la vie dans tous les domaines. Ma personnalité s’affirmait et mon esprit artistique commençait à s’éveiller: j’aimais ressentir, découvrir, regarder, et immortaliser ces moments à l’aide de mon appareil photo.

J’adore prendre des photos, elles permettent de capturer l’instant, les sensations et tout ce que l’on peut ressentir face à un paysage, une personne, ou un monument. Les années peuvent passer, et à tout moment je peux décider d’ouvrir et de feuilleter un album photo, pour raviver les souvenirs et m’y replonger. J’ai gardé en mémoire, l’image des paniers et des corbeilles remplis d’épices que l’on trouvait sur les étals du marché du Caire. Toutes ces couleurs, ces nouvelles senteurs mettaient tous mes sens en éveil. J’avais envie de plonger ma main dans ces paniers et de malaxer les épices, de lécher mes doigts pour goûter, et de fermer les yeux afin d’écouter les sons enivrants du souk. 

Chaque rencontre, même furtive, chaque regard échangé, m’ont apporté des choses indescriptibles. Ce n’est qu’après, que l’on comprend la richesse et la valeur de ces moments. Je suis revenu de ce voyage changée, comme transformée. 

Le traditionnel thé à la menthe servi dans de petites tasses en verre, les pâtisseries arabes plus succulentes les unes que les autres, le Narguilé que l’on fumait à tour de rôle avec nos hôtes dans le desert, comme un calumet de la paix, le rythme dansant des percussions autour du feu, l’écharpe que je plaçais sur mes épaules et la tête, avant de rentrer dans les mosquées, en guise de respect de la religion du pays qui m’accueille. Tous ces souvenirs sont ancrés en moi, et j’en ai savouré chaque minutes de chaque instant. 

 

Une palette aux milles couleurs

L’Égypte révèle une palette infinie de couleurs, de contrastes, d’ombres et de lumières, sans cesse différentes, à chaque heure de la journée. J’ai été saisis par la vibration de ces couleurs, pures et lumineuses. Elles magnifiaient tous les monuments et paysages, et elles étaient multiples. Le bleu azur du ciel qui se reflétait dans les eaux du Nil. En réalité, ce sont deux fleuves qui se rejoignent, le Nil blanc et le Nil bleu, pour n’en former qu’un seul: le Nil. Pour moi, le Nil n’a qu’une seule et unique couleur que j’aime appeler « bleu lumière ». Les dunes de sable d’ocre jaune le jour, n’ont pas la même couleur la nuit: le jaune se transforme, avec les ombres du soir, il se teinte de noir tandis que la blanche lune accompagnée d’un ciel parsemé d'étoiles éclairent le désert. La végétation flamboyante et luxuriante près du Nil et les nombreuses oasis offrent des nuances de vert qui m’ont émerveillé. 

J’avais à ciel ouvert un tableau aux milles touches de couleur qui se superposent, elles m’ont transporté, m’ont fait voyager.


La couleur qui offrait un nuancier époustouflant était le jaune. Le jaune était partout, et je pouvais le décliner en plusieurs teintes, comme sur une palette de peinture. J’en ai découvert plusieurs sortes: les dunes de sable blond, le jaune de la pierre des pyramides, le jaune crème des chameaux, celui des temples éclairés la nuit par un jeu de lumière artificielle, le jaune pastel étincelant presque blanc des mosquées, le soleil qui se reflète sur le sable du désert blanc et ses rochers en forme de champignons, le jaune marron de la terre battue des routes et des chemins.

Cette couleur sera comme une teinte en filigrane qui m’a accompagnée tout au long de ce voyage.