· 

L’Égypte: « Sourires sur les filles, felouque sur le Nil »


Reflets d’or sur le Nil

Le soleil se trouve encore haut dans le ciel et l'après-midi a déjà commencé. Je me trouve devant le légendaire Nil, l’un des plus longs fleuves du monde et l’émotion m'envahit. Je contemple ce paysage presque irréel qui se dessine sous mes yeux. Des reflets d’or du soleil scintillent comme des paillettes sur le « bleu lumière » de l’eau... c’est juste hypnotique ! 

 

Les arbres verdoyants qui longent les berges du fleuve contrastent avec la lumière couchante du soleil sur les montagnes du désert de sable qui dépassent. Au loin, j’aperçois le dôme d’une mosquée sur le sommet d’une colline.

 

Je m’apprête à monter sur une felouque, un bateau traditionnel de la vallée du Nil. Le mât incliné vers l’avant supporte deux voiles en forme de trapèze déployées pour naviguer. Un léger vent fait osciller les gigantesques voiles et j'ai l’impression qu’elles peuvent nous élever au dessus de l’eau. 

 

Au premier abord, l’embarcation paraît simple, mais y regardant de plus près elle respire l’authenticité. Ses cordages ornés de guirlandes sont usés et salis par le sable. Le sol de la felouque est paré de tapis et de couvertures aux motifs orientaux bariolés ainsi que de nombreux coussins soyeux.

La brise légère fait flotter des drapeaux accrochés au mât et une guirlande de fanions colorés qui traverse le bateau. En levant les yeux, je ne peux m’empêcher de sourire en reconnaissant le drapeau aux couleurs de la Jamaïque avec le visage de Bob Marley, qui flottait au dessus de ma tête. Serait-ce un signe? Le capitaine du navire doit savoir apprécier les plaisirs simples de la vie: « Let’s get together and feel all right »!.

L’équipage se compose de deux égyptiens, ils enlèvent les amarres du bords de la berge, et notre petite croisière sur ce majestueux fleuve peut commencer.  Je sents rapidement les embruns caresser mon visage qui se couvre petit à petit de fines gouttelettes. 

 

La felouque avance lentement, traçant son sillage sur l’eau et je me laisse bercée. Mon regard s’enfonce dans les profondeurs du fleuve, je suis en pleine contemplation, et laisse mon esprit vagabonder dans mes rêveries.  

Hors du temps, un village endormi

Au bout d’une heure de navigation, la felouque s’arrête pour nous débarquer, et nous avons rejoint un village où le temps semble s'être arrêté, comme suspendu … 


Ce village aurait pu paraître inhabité si nous n’avons pas croisé cet homme vêtu d’une longue jalabiya, poussant sa brouette ou cette femme qui semble attendre quelqu’un, une chèvre à ses côtés. Au coin d’une rue, je distingue trois hommes assis, des pioches à la main. J’imagine qu’ils sont probablement en train de se reposer avant de reprendre leur labeur. 

Les façades des maisons sont construites en briques apparentes, et je remarque par endroits qu’elles sont recouvertes de boue séchée, ou de peinture beige, blanche ou jaune. Mais c’est la couleur bleu pâle qui domine et colore la plupart des maisons de ce village. D’après les croyances locales, c’est pour éloigner le mauvais œil m’a-t-on dit. Certaines maisons n’ont pas de portes, le palier donne directement sur les ruelles en terre battue et j’arrive même à apercevoir l'intérieur des maisons. 

 

Les rues que j’emprunte sont désertes, et je dois suivre le groupe pour ne pas me perdre. J’ai l’impression d’être dans un vrai labyrinthe: on tourne à gauche et on atterrit sur une place, puis brusquement on emprunte un petit chemin pour se retrouver dans une autre rue. Si je m’arrête une seconde pour prendre une photo, je me retrouve seule, et l’atmosphère devient tout de suite plus inquiétante. Heureusement, l’un des animateurs, amateur de photos comme moi, reste toujours derrière, c’est lui qui ferme la marche. Parfois je le vois disparaître, le temps de prendre sa photo. Quand il réapparaît, nous reprenons tous les deux la route afin de rattraper le groupe. 


J’avoue avoir été quelque peu déroutée par la traversée de ce village quasi désertique, où personne ne semblait y vivre… Mais j’ai tout de même apprécié la beauté du silence, et j’ai su apprivoiser l’atmosphère hors du temps qui planait.

 

Le sourire magnifique des jeunes filles

 Le groupe nous attend devant une manufacture de tissus et d’habits et le gérant nous fait signe d’entrer pour la visiter. Dans une cour extérieure, des tables et des bancs sont installés sous un préau où des jeunes filles assistent à ce que je pense être un cours de couture. Elles semblent plus âgées que moi et portent une longue blouse marron assez épaisse, un foulard blanc couvre leurs cheveux. Je me souviens de leurs immenses sourires dès qu’elles nous ont aperçu, toutes dents déployées. Elles ont d’abord rigolé entre elles, puis avec nous, comme amusées par notre intrusion. L’une d’elles me fait signe d’approcher et je suis assise à ses côtés. 


Nous ne parlons pas la même langue, et pourtant une complicité naturelle s’est installée et nous avons su communiquer par nos échanges de regards, nos sourires et nos mimiques. L'animateur décide d’immortaliser cet instant, il prend mon appareil photo, et appuie sur le bouton. 

Aujourd’hui, quand je regarde cette photo, elle reflète parfaitement cette chaleureuse rencontre entre ces jeunes filles et l’adolescente que j’étais. En toute innocence et spontanéité.

 

Mon sourire était bien évidemment sincère, car « on ne voit bien qu’avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux ».

Malgré tout, au fond de moi, je me sentais également un peu gênée. La trentenaire que je suis à présent, me permet d’avoir le recul nécessaire pour réaliser certaines choses. 

 

Nous avions probablement les mêmes rêves, les mêmes questions existentielles et les mêmes espoirs. Mais en même temps, nous n’avions pas les mêmes conditions de vie, les mêmes croyances et coutumes. On était semblable mais quelque part deux mondes nous opposait. Mais l’Orient et et l’Occident s’attirent, naturellement comme deux aimants.







La visite a continué à l'intérieur, dans l’atelier.

 

En passant devant l’embrasure d’une porte, d’autres filles nous ont interpellés et salués.

Elles sont en train de confectionner des robes et nous ont montré leur travail avec fierté, et toujours avec un large sourire. 

 

Elles avaient peut-être mon âge finalement.

Un vrai festin !

Le soleil entame lentement sa descente vers l’horizon et quand nous sommes remontés à bord, un repas nous attendait.

 

Devant mes yeux ébahis se déroule un vrai ballet de couleurs et de bonnes senteurs: une longue nappe bleue ciel à fleurs roses et une autre nappe marron quadrillée avec des motifs floraux en guise de chemin de table a été dressées. Elles sont disposées à même le sol du bateau, et on s’est tous assis autour, avec l’équipage du bateau.

 

Nos hôtes avaient préparé une vingtaine de petites assiettes remplies de nourriture locale et on n’a plus qu'à piocher pour se servir. Rien ne manque: des boulettes kefta, du caviar de tomates, des plats de légumes rouges et verts, des morceaux de fromage frais, du pain pita égyptien et des fruits pour le dessert. Un vrai festin!

 

Le saviez-vous? Le plus vieux fromage du monde a été retrouvé dans un sarcophage en Égypte, il y a plus de 3000 ans !

 

Pour les égyptiens, c’était sûrement un simple repas habituel, mais pour moi il a eu une saveur bien particulière. 

 

Était-ce cette jolie table pleine de nourriture locale, le fait de manger sur une felouque traditionnelle en Égypte, la convivialité de nos hôtes ou bien que nous étions à la moitié du séjour, et que j’en avais déjà pris plein les yeux?

Sûrement un mélange de tout ça, et cet instant restera gravé en moi.

Nuit magique, la musique nous réunit!

À la nuit tombée, l’équipage du bateau allume un feu de camp sur la rive, à deux pas de la felouque amarrée où nous allons passer la nuit. J’ai toujours éprouvé une certaine fascination devant ces flammes brûlantes et cette douce  lumière qui irradie le sol et les visages.

Il y a quelque chose d'ancestral et de sacré pour moi, de se réunir autour d’un feu. Il va se passer quelque chose, quelque chose d’important, de magique, qui va rester en moi pour toujours. 

 

Nous nous sommes assis en cercle  autour du feu et ils ont sorti leurs instruments de musique: un Darbouka et un Bendir, deux tambours égyptiens, des instruments à percussion typique d'Afrique du Nord. Puis un rythme ensorcelant a commencé à nous emporter. Ils se sont mis à chanter et j’ai de suite été envoûtée. Je bats la mesure avec mon pied et très vite la musique a raison de moi: je me lève et je danse!

 

On dit que la musique est un langage  universel, je ne parle pas égyptien, mais cette nuit nous avons parlé la même langue et la musique nous a tous réunit. 


Écrire commentaire

Commentaires: 3
  • #1

    mia (samedi, 16 mai 2020 20:34)

    je t,ai bien reconnue Tatie
    tu as donc pas trop changée
    j,aime bien la photo des chameaux et du bataau

  • #2

    Angie (lundi, 18 mai 2020 00:05)

    J’ai adoré te lire.. Je n’ai jamais voyagé et pourtant tu as réussi à me transporter avec toi.. J’ai qu’une envie : aller découvrir l’Égypte !
    Un jour qui sait.. Hâte de te lire à nouveau !

  • #3

    Chantal (lundi, 18 mai 2020 10:00)

    J'aimerai que tu travailles un peu plus le voyage en Egypte en insistant sur chaque site par des mots clés et l'émotion particulière qu'il t'inspire et qui ne sera peut-être pas la même pour d'autres sites. Personnellement j'ai été fascinée par la naissance du soleil sur le Nil "La Lumière et la Vie jaillie d'une fleur de Lotus" avec une belle photo du lever du soleil sur le Nil. La rencontre avec les femmes m'a beaucoup émue, je pense qu'elle aurait mérité une grande photo et un beau titre. Vérifie tes retours à la ligne. Il faut aussi monter en intensité.